Recueil "SOLEIL DE TERRE" 2


Eclipse.

Les oiseaux

Allons et berçons des vents

Qui lèveront la poussière

Dans l'anonyme chuintement

Des oiseaux.

Il pleut ses mots

Franges lumineuses

Au pourtour des ombres

Que dresse le tyran

Sous l'appât quotidien

Comme un chasseur

Gavé de grains.

Il pleut

Sur la trappe embaumée

Sa voix sans margelle

Et chaque goutte diffracte

Une retrouvaille.

 

 

Du soleil.

 

Le teint silencieux

Comme l'aimant

Croise le fer

Le feu

S'est calciné

Chien ultime

Que le bois se retire

Que nos glaives accoisés

Tisonnent le vieux corps

Et son teint silencieux

Nous

Nus de lui

Perdus

Dans ce corps

Mort.

Nos yeux

Sur la pierre

Comme un tison

Aimants de haine

Sifflent l'amour.

Nous

Nus de lui

Plus pauvres encore

D'une épée sans manteau

Sans passion

Délestée

Au coeur du bois

Sec et pierreux.

Que le feu se calcine

Chien ultime

Et se retire.

Sous le manteau des chairs

Se lève la colonne

Démesurément libre

En notre pauvreté.

 

Le soleil.

 

La Faux

Il moissonna la faux

La mort sortit à gauche

A gauche était le souvenir

Dragon humide

Suant la glaise

En tombereaux de peurs

Informes et noires

Qu'exhume un tribunal

Pliant la boue

Comme un serpent servile.

Ce monde ruisselait

Et remontait aux cieux.

Aveugles

Nous franchîmes le coeur

Comme l'homme en la vierge

Recouvre sa contrée.

 

Le seuil

Le souffle des chairs

Plane sur les charniers

C'était l'ancien estuaire.

Comme l'ultime tour

Pour qu'au piquet du coeur

Mordent les loups

Les dents sur le sabre

Scellent l'amour.

Tournez crécelles articulées

Sur le corail sanglant

Des pierres du jardin

Qu'ornent nos oripeaux.

Comme l'enfant suçant ses pieds

Nous vous pensâmes

Aux écueils du seuil.

 

 

Zénith.

Le mortier

L'Histoire se creuse

A la cognée de pierre

Du mortier de lumière

Egrène l'étoile.

Notre ombre

Laine sombre des iris.

Les sabliers déserts

Ces vaisseaux de nocher

Claquements d'éternel.

Notre ombre

En ses lunes fanées

Sur la grève qui découvre

Racines sanglantes des yeux

Entrelacs d'horizon

Ce socle où notre ombre clapote.

On calcine les terres

Et la plume s'enchante

C'est la rigole heureuse

Où l'argent limoneux

Coule sa limaille.

Les miroirs s'allument

Comme caille le lait

La flamme tourne autour du bleu

L'air chaud crisse aux paupières

L'ours a trouvé le miel

On est nu et l'on dort.

 

 -------------------------------Fin

 



Vers le recueil "Soleil de Terre"

Retour Rubriques

Michèle
BACHELET
e.mail :

mbachel@wanadoo.fr